Vue aérienne
Elle fut construite quelque temps après l'an 1000 sur l'Oratoire
pré-existant bâti par San Miniato,
le premier évangéliste et martyr chrétien de Florence.
Victime des persécutions de l'empereur Decio (249-251) on dit
que Miniato était peut-être un prince arménien: la
légende raconte qu'après avoir été
décapité, il ramassa sa tête, la remit sur
son cou et s'en alla mourir dans la grotte sur le mont alle Croci
où
il vivait en ermite et où ensuite on construisit l'oratoire
et l'église portant son nom.
La construction du temple, qui reste un des plus beaux exemples de pure architecture
romane florentine, commença en 1018 grâce à l'évèque
Ildebrando et se poursuivit jusqu'en 1207. La façade fut réalisée
en marbre blanc de Carrara et vert de Prato (XII-XIIIè siècles)
et divisée en deux ordres reliés entre eux par des marqueteries
de forme rhomboidale qui font allusion à l'opus reticolatum, tissage mural
romain typique de l'âge impérial, qui fut également repris
par Leon Battista Alberti pour les bases du
Palais Rucellai.
L'escalier d'entrée
à la Basilique.
L'ordre supérieur est surmonté d'une mosaiquesur fond
doré datant du XIIIè siècle représentant
le Christ sur le tròne bénissant entre la Vierge et St
Minias. En haut, au-dessus du fronton, un grand aigle doré
en cuivre nous rappelle l'Arte di Calimala,
administratrice jusqu'en 1288 des biens du couvent bénédictin.
La spectaculaire façade de San Miniato inspira Alberti au
XVè siècle pour l'achèvement de celle de Santa
Maria Novella et au XIXè pour le revêtement des façades
du Dòme et de Santa Croce.
Les vifs jeux de lumière du soleil sur l'extérieur
du monument, et aussi à
l'intérieur de l'abside, valent à eux seuls le voyage
hors du centre ville
A droite en regardant l'église, se trouve le Palais des Vescovi
(que l'on peut visiter en sonnant à la porte à l'intérieur
de l'église), aujourd'hui habité par des moines olivétains
chargés de la gestion de la basilique.
On peut observer des vestiges d'antiques bastions, avec le clocher de Baccio
d'Agnolo (1518) qui ressemble presque à un fragment de fortification
romane. Ce campanile, construit à la place de l'original qui s'est
écroulé en 1499, et jamais achevé, fut utilisé
militairement durant le siège de 1529 sur la suggestion de Michelangelo.
Revêtu de matelas et de balles de laine, il fut utilisé comme
base pour deux canons qui devaient tirer sur les troupes de Charles V.
Encore aujourd'hui, on peut voir les signes d'un tel emploi.
Nef centrale et autel.
L'intérieur (où les ajouts se succéderont jusqu'à la
fin de l'époque baroque) est constitué
de trois nefs et d'un précieux pavement central en marbre
marqueté (XIè siècle) orné des symboles
du zodiaque. Le Presbytère surélevé est formé
d'un rare complexe sculptural romano-toscan d'inspiration classique:
l'autel, entouré d'une transenne en marbre (1207), la chaire
quadrangulaire (oeuvre de Giovanni di Gaiole et de Francesco di
Domenico) et le pupitre soutenu par l'aigle de St Jean l'Evangéliste.
Dans le choeur, une mosaique montre le Christ sur le tròne
bénissant (1297, restaurée par Alessio Baldovinetti
en 1491).
Sous le Presbytère, on découvre une crypte (Xié) supportée
par 36 fines colonnes d'origines diverses ainsi que leplafond orné de
fresques représentant les Saints et Prophètes par Taddeo Gaddi.
C'est là que furent déposées en 1013 les épouses
de San Miniato. Devant, au centre de la nef principale,
la magnifique et raffinée Chapelle du Crucifix, un édicule en marbre
de la Renaissance exécuté par Michelozzo (1448)
souhaité par Pierre de Médicis afin
d'abriter le vénéré Crucifix - dit de San Giovanni Gualberto aujourd'hui à Santa
Trinita: la voûte en berceau est revêtue de terres cuites dues
à Luca della Robbia, et
une table d' Agnolo Gaddi repose sur l'autel.
La nef de droite contient, parmi les fresques des XIV et Xvè
siècles, les vestiges de San Miniato, un autel avec table
cuspidée, chef d'oeuvre de Jacopo del Casentino, et l'entrée
à la sacristie, ornée de fresques de Spinello
Aretino raconte les histoires de San Benedetto (vers 1387,
largement restaurée en 1840), peut-être l'oeuvre la
plus importante de cet auteur.
Dans la nef de gauche, la Chapelle du Cardinal del Portogallo (1461-66) datant
de la Renaissance, bâtie par Antonio Manetti, élève de Brunelleschi,
par Jacopo di Lusitania, cardinal archevêque de Lisbonne mort à Florence
en 1459. Elle a dans sa voûte cinq médaillons de Luca
della Robbia et contient une Annonciation en fresque d'Alessio Baldovinetti
(1466-67), une table (dont l'originale est conservée aux Uffizi) d'Antonio
et de Piero del Pollaiolo ainsi que des fresques d'anges volants de ces mêmes
quteurs. Le monument funèbre fut sculpté en marbre par Antonio
Rossellino.
Dans le cloître enfin, une contribution du grand Paolo
Uccello: les restes des fresques des Scènes de la vie des St Pères
(vers 1440), peints dans la loge supérieure.
Le cimetière monumental
Outre la Basilique, cela vaut la peine de visiter le cimetière monumental (dit "des Portes Saintes") réalisé au siècle passé sur l'espace conventuel, à l'intérieur de l'enceinte fortifiée créée par Michelangelo en 1529. Dessiné par l'architecte Nicolò Matas dans les années où il réalisait la façade de Santa Croce, celui-ci accueille les restes de beaucoup de célébrités telles Papini, Montale, Stibbert, Villari, Lorenzini (dit "il Collodi", créateur de Pinocchio). Les nombreuses chapelles de famille de la bourgeoisie florentine représentent un véritable répertoire d'architecture de la cité de l'époque,: liberté, art, décoration, rationalisme, architecture organique.